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L’actionnariat salarié, un levier pour les PME

Revue de presse : Les Echos, Patrick ABADIE 21 avril 2023

OPINION – C’est la voie de l’avenir. Elle offre des perspectives sur le long terme aux collaborateurs, avec un partage de la création de valeur. De quoi les motiver et les retenir, selon Patrick Abadie, PDG et fondateur de Delville Management.

L’actionnariat salarié est trop souvent associé aux grandes entreprises. Pourtant, le partage des bénéfices et des fruits de la croissance devrait concerner toutes les sociétés, y compris les PME et ETI . Pourquoi ?

Le salarié souhaite aussi contribuer au projet de son entreprise. Recueillir les fruits de son travail donne une nouvelle dimension à son emploi et offre une position bien plus engageante que le simple salariat.

Pour percevoir les fruits de la croissance, et être ainsi embarqué, plusieurs options sont envisageables : l’intéressement, la participation, les bons de souscription de parts de créateur d’entreprise (BSCPE) – très prisés dans les startups -, les actions gratuites ou simplement l’acquisition des actions de son entreprise. Ces systèmes semblent simples en apparence, mais en réalité, ils sont assez contraignants.

Complexité et restrictions

Pour l’intéressement, il s’agit d’un engagement de l’entreprise sur 3 ans. La participation est, quant à elle, réservée aux entreprises de plus de 50 salariés. Les actions gratuites pour les salariés s’avèrent… payantes pour les entreprises car, vues comme un « salaire » par l’administration.

Résultat : l’entreprise doit s’acquitter d’un forfait payé à l’Urssaf de 20% de la valeur des actions données. Tous les dispositifs capitalistiques demandent à être accompagnés d’un avocat « corporate » pour sa mise en place.

Les modalités de retour sur investissement sont, elles aussi, complexes. L’argent n’est souvent disponible que dans des cas de figure précis : après un certain nombre d’années de travail, après avoir quitté l’entreprise ou encore dans le cadre d’une opération financière spécifique (achat d’une résidence principale pour l’intéressement, par exemple).

Ces restrictions peuvent dissuader les salariés d’adhérer à de tels dispositifs, car ils ne sont pas très lisibles et difficiles à appréhender. Surtout, ces systèmes de partage des fruits de la croissance ne sont pas à l’initiative du collaborateur et sont souvent perçus, à juste titre, comme un simple « bonus » complémentaire de la rémunération.

Ils ne traduisent pas un engagement volontaire et personnel du collaborateur, mais une reconnaissance de son travail. Si l’on souhaite que le collaborateur s’engage personnellement dans l’entreprise, il n’y a pas d’alternative : il doit investir directement son propre argent.

Le rôle de l’entreprise est alors de mettre en place un dispositif attractif pour le salarié intéressé par cette démarche. Investir personnellement lui permet de suivre la vie de l’entreprise, d’observer sa dynamique (ou son absence de dynamique), de connaître exactement le rendement de son investissement et de disposer de points de comparaison précis d’une année sur l’autre.

Le salarié peut ainsi s’impliquer dans d’autres projets et aller au-delà de sa simple « description de poste », donc faire preuve d’initiative conformément au fameux « empowerment » qui ne trouve pas sa traduction immédiate en français. Evidemment, le collaborateur ne devient pas actionnaire dès le premier jour, mais cela peut se faire après quelques semestres de vie commune.

Levier efficace

Les accélérateurs destinés à encourager l’engagement des salariés dans les programmes d’actionnariat sont bienvenus. Par exemple, il est possible de combiner l’investissement direct avec la distribution d’actions gratuites.

Ainsi, un salarié actionnaire en poste depuis quelques années peut se voir offrir la possibilité de réinvestir dans l’entreprise. Lors de ce second investissement, l’entreprise peut abonder du même montant avec des actions gratuites. Cela permet de booster le retour sur investissement. Et de surcroît, ces dispositifs sont très encadrés fiscalement ce qui évite certains risques par la suite.

Tous les collaborateurs ne peuvent pas ou ne veulent pas investir. Certains ont d’autres priorités – comme acquérir leur résidence principale -, d’autres ont juste une aversion au risque plus développée. L’important est de ne blâmer personne.

En revanche, si le frein à devenir actionnaire est juste d’ordre financier, il est bon de savoir que certaines banques sont très ouvertes à financer ces investissements.

Pour toutes ces raisons, l’actionnariat salarié est la voie de l’avenir. Il offre des perspectives sur le long terme aux collaborateurs, avec un partage de la création de valeur.

Les entreprises devraient plus largement communiquer sur ce sujet pour faire comprendre à quel point l’actionnariat salarié est aujourd’hui un levier efficace pour partager les fruits de la croissance… et retenir les talents à un moment, où il est si difficile de recruter !

Revue de presse : Les Echos, Patrick ABADIE 21 avril 2023

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