Le FMI vient de baisser de 0,4 et 0,7 points ses dernières prévisions de croissance pour 2022 et 2023 par rapport à celles d’avril dernier. Ainsi, selon l’institution, le monde devrait croître de 3,2% cette année et de 2,9% l’année prochaine. L’inflation est, quant à elle, révisée à la hausse du fait de l’augmentation du prix des denrées alimentaires et de l’énergie. Elle devrait atteindre 6,6% dans les pays avancés et 9,5% dans les pays émergents cette année et rester élevée plus longtemps qu’anticipé. Le FMI évoque également les effets des perturbations sur les chaînes d’approvisionnement et de la pénurie de main d’œuvre historiquement forte. La baisse du pouvoir d’achat des ménages et la remontée des taux pèsent sur les économies occidentales tandis qu’en Chine, les reconfinements et la crise immobilière ont ramené la croissance à 3,3%, un des plus faibles depuis quarante ans.
La Fed a remonté de 75 points de base ses taux directeurs lors de son comité du mois de juillet, indiquant qu’elle avait atteint un niveau jugé « neutre », c’est-à-dire un seuil auquel sa politique monétaire n’était ni accommodante (favorable à une relance de l’activité) ni restrictive (pesant sur l’activité et sur l’inflation). Bien sûr, il s’agit avant tout d’un concept et personne ne peut calculer précisément le taux neutre pour l’économie américaine. La BCE a quant à elle relevé ses taux directeurs de 50 points de base (à 0% pour le taux de rémunération des dépôts et à 0.5% pour le taux de refinancement). Ce premier mouvement marque la fin de l’ère des taux négatifs en Europe et devrait être suivi de plusieurs autres hausses dans la seconde partie de l’année.
Les anticipations de récession ont provoqué une baisse importante du prix des matières premières ces dernières semaines. C’est en particulier le cas des métaux industriels qui ont reculé de 27% en 3 mois (indice Bloomberg des métaux industriels), du fait d’un scénario de récession maintenant consensuel pour l’Europe et les Etats-Unis. C’est une excellente nouvelle qui nous rapproche du pic d’inflation mais qui, hélas, ne concerne pas le prix du gaz importé en Europe qui ne cesse de monter (il a décuplé en un an) alors que les volumes d’approvisionnement provenant de Russie sont de plus en plus erratiques et limités.
Les indicateurs économiques européens sont très mal orientés, illustrant à la fois le fort ralentissement de son économie et l’incertitude liée à son approvisionnement énergétique. Les indices PMI manufacturiers européens sont ainsi en territoire de contraction, tandis que l’ensemble de nos indicateurs de croissance pointent vers un ralentissement de l’activité à l’exception de ceux dépendant du tourisme pour certains pays dont la France. Alors que la Suède est un des pays où l’immobilier est en surchauffe avec une hausse de 45% depuis 2014, la hausse des taux d’emprunt commence à avoir un impact sur les prix du résidentiel. La Riksbank (banque centrale suédoise) a ainsi constaté une baisse du prix des appartements de 6% depuis le début de l’année tandis qu’elle prévoit une baisse à venir de 16%.
LES MARCHES
Les marchés obligataires anticipent maintenant un fort recul de l’inflation ces douze prochains mois, tandis que le taux à 10 ans américain se stabilise autour des 3%. Cette hypothèse, assez optimiste, explique le bon comportement relatif du Nasdaq et des valeurs de croissance en général. Le cuivre a perdu environ un tiers de sa valeur depuis ses plus hauts de mars, ce qui illustre les fortes anticipations de récession, également relayées par une courbe des taux considérant l’écart entre le 10 ans et le 2 ans américain qui s’est inversée. Le rebond des actions au cours du mois de juillet est lié à un positionnement extrême des investisseurs, très pessimistes, et à la publication des résultats qui ont mis en évidence la sous-valorisation en instantané de nombreux titres.
Nous sommes maintenant à un niveau de l’activité qui devrait s’accompagner de nombreuses révisions à la baisse des prévisions de résultats pour 2022 et 2023. Les multiples de valorisation sont, en Europe, suffisamment bas pour considérer que ce mouvement est déjà en partie anticipé. Toutefois, cette tendance n’est pas favorable et si le niveau de valorisation des actions européennes semble attrayant à un horizon de plus de 18 mois, des points d’entrée encore plus intéressants pourraient survenir d’ici à la fin de l’année.
A court terme, les investisseurs anticipent une inflexion du resserrement monétaire de la Fed. La probabilité d’occurrence d’une récession aux Etats-Unis est maintenant de l’ordre de 50% pour les douze prochains mois. L’intensité de cette récession est bien sûr un facteur crucial et la vigueur de la consommation des ménages américains milite pour l’instant pour un recul limité de l’activité. Le niveau d’incertitude est particulièrement élevé compte tenu de la guerre qui se poursuit en Ukraine, aucun belligérant ne semblant en mesure d’imposer sa volonté.
Sources principales : Banque de France, Federal Reserve, CGPCONSEILS, FMI, OCDE, BIS, BEA, BCE, BOJ, BOC, Bloomberg, Reuter, Facset, Financial Times, Agence Internationale de l’Energie, OMC, INSEE, Euler Hermès, Coface, MIT, ISTAT.