Revue de Presse : Focus RH – 26 mai 2021, Propos recueillis par Hélène Truffaut
Benjamin Sanson, responsable épargne retraite et épargne salariale chez Mercer France, livre ses réflexions.
Le mois de mai est celui du versement de la participation et de l’intéressement. À quoi peut-on s’attendre pour 2021 ?
C’est une année particulière sur laquelle vont peser les conséquences de la crise sanitaire. Dans la plupart des entreprises, la participation – liée aux bénéfices de 2020 – sera probablement revue à la baisse.
Ce qui est sûr, c’est qu’à défaut d’une réponse du salarié concerné quant à ce qu’il souhaite faire de ses primes (les toucher immédiatement ou les placer sur les dispositifs d’épargne de l’entreprise), la participation sera automatiquement affectée pour moitié dans le plan d’épargne entreprise (PEE), avec un blocage de cinq ans, et pour moitié dans le Perco ou le plan d’épargne retraite (PER) revu par la loi Pacte (dès lors que l’un ou l’autre a été mis en place), avec une indisponibilité jusqu’à la retraite. L’intéressement sera, lui, versé sur le PEE s’il existe (il est obligatoire pour la participation, mais pas pour l’intéressement, NDLR).
Le problème est que si la gestion pilotée par défaut* a été généralisée au sein des plans d’épargne retraite et permet donc une bonne diversification des investissements, les sommes versées sur les PEE sont, par défaut, le plus souvent affectées sur les fonds monétaires dont les rendements sont aujourd’hui négatifs.
Un problème pour les salariés peu enclins à faire des arbitrages…
En effet. Dans l’ensemble, les entreprises s’occupent peu de la performance des fonds proposés dans leurs plans d’épargne. Il y a pourtant là un sujet d’autant plus intéressant à creuser pour les employeurs et leurs partenaires sociaux que les prochaines hausses de salaires risquent d’être limitées voire nulles. Dans ce cas, il est toujours bienvenu de montrer, dans le cadre des NAO, que la proposition financière des régimes d’épargne a été ou va être retravaillée.
La revue des conditions (alimentation, abondement…) peut être une solution, mais il est également possible de travailler sur les fonds peu rémunérateurs, en remplaçant par exemple un fonds monétaire par un fonds obligataire court terme, plus performant et au risque limité.
Mercer vient de publier son premier « Baromètre FCPE 2021 ». Quel est l’objectif de cet outil ?
En tant que cabinet de conseil indépendant – donc neutre –, nous accompagnons les entreprises dans l’optimisation de leurs dispositifs d’épargne. En compilant l’ensemble des fonds proposés à nos clients et en étudiant l’offre d’autres acteurs, nous avons pu analyser les performances 2020 de neuf classes d’actifs*, sur un total de 90 fonds communs de placement d’entreprise (FCPE) au regard de neuf indices de marché de référence.
La gestion financière fait peur à tout le monde. Toutefois, l’efficacité des régimes d’épargne passe par la performance des fonds à disposition des salariés. Il est donc important que les employeurs adoptent le réflexe de regarder ce qu’il se passe ailleurs, plutôt que de donner systématiquement quitus à leur gestionnaire d’épargne retraite et d’épargne salariale. Ce baromètre est un outil qui leur permet justement de « benchmarker » leurs dispositifs.
Quels enseignements peut-on en tirer ?
Le grand point d’attention est, bien sûr, le monétaire : les performances de ces fonds sont toutes négatives, avec des écarts limités entre fonds. En revanche, les fonds PEA-PME poussés (à hauteur de 7%, puis 10%) dans la gestion pilotée des plans d’épargne retraite par la loi Pacte, fonctionnent très bien. Dans notre panel, leurs performances sont comprises entre 1,30% et 46,27% – la moyenne et la médiane se situant entre17% et 18% – pour un indice de référence de 4,58%.
Au-delà de ce baromètre, il faut avoir conscience qu’un gestionnaire ne peut avoir tous les meilleurs fonds et qu’il est par conséquent utile de raisonner en « architecture ouverte » (avec un teneur de comptes et des fonds de plusieurs sociétés de gestion, NDLR).
*La gestion pilotée permet un investissement dans des actifs adaptés à un horizon long terme, avec une réduction automatique et progressive des risques pour l’épargnant à mesure que la date de la liquidation de la retraite approche.
**Fonds monétaires, obligataires court terme, obligataires moyen et long terme, diversifiés prudents, diversifiés équilibre, diversifiés dynamique, actions Europe/zone Euro, actions internationales, actions PEA-PME.
Revue de Presse : Focus RH – 26 mai 2021, Propos recueillis par Hélène Truffaut