Revue de presse : AMF , 17 septembre 2024
Revue de Presse : Raphaële Karayan pour L’Argus de l’assurance – 23 juin 2021
Conséquence de la crise, priorité a été donnée aux transformations de plans existants, qui ont bénéficié davantage au Perecol plus qu’au Pero. La logique de convergence entre les deux produits est en marche dans les entreprises et chez les assureurs.
L’année 2020 aurait dû être celle de la retraite collective. Ce fut plutôt celle du PER individuel. Les assureurs attendaient beaucoup de l’alignement des planètes inédit entre réforme des retraites et loi Pacte, qui a rendu les produits de retraite supplémentaire plus attractifs. Mais la crise du Covid-19 et la suspension de la réforme ont entraîné un fort attentisme dans les entreprises.
« Les entreprises ont besoin de temps pour mettre en place de nouveaux dispositifs, et elles ont été pleinement mobilisées en 2020 sur la gestion de la crise du Covid-19 », explique BNP Paribas.
Les produits de la retraite collective
Ils ont remplacé les anciens plans d’épargne retraite, qui ne sont plus commercialisés depuis octobre 2020 :
– Le Plan d’épargne retraite obligatoire (Pero) remplace l’article 83. Ouvert à certaines catégories de salariés, ce régime à cotisations définies est alimenté par les cotisations obligatoires de l’entreprise et du salarié, des versements volontaires facultatifs, et peut recevoir l’intéressement et la participation à certaines conditions. La sortie s’effectue en rente pour les versements obligatoires.
– Le Plan d’épargne retraite d’entreprise collectif (Perecol) remplace le Perco. Ouvert à tous les salariés, il est alimenté par l’épargne salariale (intéressement, participation, abondement, CET) et des versements volontaires facultatifs. La sortie s’effectue en rente ou en capital.
Rebond
Avec l’amélioration de la situation sanitaire, les assureurs observent néanmoins un rebond depuis le début de l’année. « Sur 2021, nous constatons une véritable reprise des appels d’offres et des consultations », indique Yann Illouz, directeur épargne retraite entreprise chez Axa France. Entre fin décembre 2020 et fin avril 2021, le nombre de salariés bénéficiant d’un PER Axa a ainsi augmenté de plus de 15 %.
« Sur l’épargne salariale, nous avons fait en 2021 notre meilleur début d’année depuis la création de la société, avec plus de 20 % de croissance par rapport à 2019 », se réjouit Guillaume Meyer, directeur épargne et retraite entreprises chez Groupama Gan Vie. Chez Arial CNP Assurances, la croissance du chiffre d’affaires sur le Pero depuis le 1er janvier s’élève à 300 %, et celle de l’encours à 600 %. Constat positif également chez Crédit agricole Assurances, dont « l’activité commerciale est très forte en début d’année sur le Pero », indique Pierre Guillocheau, directeur des assurances collectives de Crédit agricole Assurances, ainsi qu’à la Société générale. « Sur le Perecol, au premier trimestre 2021, la croissance est de 75 % sur un an. Sur le Pero, je pense que nous ferons au moins 600 M€ de transferts cette année. De plus en plus d’entreprises pensent que le Pero va devenir un maillon essentiel de leur stratégie », confie Ingrid Bocris, DG adjointe de Société générale Assurances en charge des partenariats, entreprises et innovation.
Les chiffres
- 16,8 Md€ : l’encours des Perin, avril 2021
- 2,2 Md€ : l’encours des Pero et Perecol assurantiels, fin avril 2021
Source : FFA
Avantage au Perecol
Mais pour l’instant, entre PER obligatoire (ex-article 83) et PER collectif (ex-Perco), l’avantage est clairement au second. « Le marché a été porté par les transformations de plans existants plutôt que par de nouvelles souscriptions, or la transformation des Perco est plus rapide et plus simple. Pour les articles 83, il faut impliquer les partenaires sociaux, et devoir se justifier quand le régime ne concerne pas l’ensemble du personnel », explique Benjamin Sanson, responsable épargne retraite et épargne salariale chez Mercer. On trouve en effet beaucoup de Perco interentreprises pour les TPE-PME, qui peuvent être transformés massivement par avenant. A contrario, rares sont les assureurs, comme Axa, à avoir pu réaliser des transformations massives d’articles 83. La compagnie avait commencé très tôt à les préparer, et y avait dédié une task force.
D’autres facteurs sont à l’œuvre. « Le Perecol est un produit plus simple à vendre et plus connu des salariés, souligne Guillaume Meyer. Couplé avec un dispositif de participation ou d’intéressement, c’est un excellent outil pour accompagner la relance. Sur le Pero, la baisse du forfait social de 20 à 16 % n’est pas suffisamment incitative. Ce produit nécessite une démarche très proactive de la part des distributeurs, et une révision globale de la politique de protection sociale de la part de l’entreprise. Or, à cause du Covid, ce sujet n’a pas été la principale préoccupation des entreprises. Enfin, dans les anciens articles 83, il peut y avoir encore des garanties (taux, tables de mortalité…) que l’on ne peut pas conserver dans les Pero. »
Légitimité de l’assurance
Entre le Perco et le Perecol, il y a aussi moins de différence qu’entre l’article 83 et le Pero. Les Perco, par exemple, fonctionnaient déjà majoritairement en gestion pilotée, comme les nouveaux PER qui la proposent par défaut. Une grande partie des articles 83 est par ailleurs encore investie en euros, et leurs bénéficiaires sont moins familiers des versements volontaires.
Ce succès du Perecol encourage les assureurs à lancer leur Perecol assurantiel. Axa et Crédit agricole Assurances ont été les premiers. Celui de Société générale Assurances devrait être lancé d’ici à la fin de l’année. « Les grandes entreprises sont souvent dans une logique de rationalisation et de convergence entre le Perco et l’article 83. Les enveloppes assurantielles sont très demandées », commente Ingrid Bocris.
« Il y a une légitimité de l’assurance dans les problématiques d’épargne longue et dans les logiques de décumulation », ajoute Frédéric Barroyer, directeur de l’épargne dans l’entreprise chez Société générale Assurances. Cela valide du même coup les stratégies de rapprochement des activités retraite et épargne salariale au sein des compagnies. Une logique de convergence qui suit celle du PER lui-même, et des clients.
Société générale et BNP Paribas Cardif ont emboîté le pas, fin 2020, aux pionniers Axa et Crédit agricole en modifiant leur gouvernance, alors qu’Arial CNP Assurances a choisi de s’adosser à un partenaire, Natixis Interépargne.
Approche globale
« Notre nouvelle ligne métier épargne dans l’entreprise regroupe sous la houlette de l’assurance les forces des différents réseaux de distribution et de la tenue de compte, relate Ingrid Bocris. Ce n’est pas une fusion d’équipes, mais un regroupement des compétences autour des métiers de la retraite collective et de l’épargne salariale pour pouvoir traiter tous les besoins des clients, quelle que soit leur taille, et être capable de faire de la vente croisée. Cela nous permet également de nous renforcer sur la conquête des TPE-PME, et sur la digitalisation avec un portail repensé, qui agrège épargne retraite et salariale. »
Dans le nouveau contexte de marché, les compagnies ne jurent plus que par une « approche globale de la protection sociale ». À défaut d’une conjonction favorable de l’environnement économique, elles ont choisi d’aligner leurs planètes internes.
Revue de Presse : Raphaële Karayan pour L’Argus de l’assurance – 23 juin 2021