Actualité des marchés – octobre 2022

Durcissement de la conjoncture

Les dernières prévisions économiques du FMI ont mis en évidence une conjoncture plus difficile avec une croissance mondiale qui devrait atteindre 3.2% en 2022 et 2.7% en 2023, avec en toile de fonds le durcissement des conditions financières, la baisse du pouvoir d’achat des ménages et les tensions géopolitiques. Ces prévisions pour l’année prochaine sont en en recul puisqu’elles s’établissaient encore à 2.9% en juillet et 3.8% en janvier dernier.

La zone des pays émergents asiatiques serait la seule à voir une accélération de la croissance de leur PIB en 2023. Les Etats-Unis, la Chine et l’Inde devraient respectivement croître de 1%, 4.4% et 6.1%. Toujours selon le FMI, l’inflation mondiale bondira de 4,7 % en 2021 à 8,8 % en 2022, avant de diminuer à 6,5 % en 2023 et 4,1 % en 2024.

La forte augmentation du coût de la dette va commencer à peser lourdement sur les pays ayant trop emprunté et dont la croissance faiblit. Il est probable que les trajectoires des dettes publiques, redeviennent un sujet de préoccupation majeur. Ainsi, Bloomberg a calculé que le coût du service de la dette devrait représenter 7% du PIB italien en 2030 et 4% environ pour les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne. L’Allemagne est dans une situation bien plus favorable, ce qui explique ses largesses actuelles en matière de subvention à son industrie face au choc du prix de l’énergie.

Ainsi, le paiement des intérêts va progressivement atteindre des niveaux insoutenables pour de nombreux pays, à moins de réaliser des ajustements fiscaux qui seront difficiles à imposer politiquement, en particulier à un moment où la croissance s’affaiblit sensiblement. L’alternative maintes fois utilisée dans le passé serait la tolérance d’une d’inflation élevée pendant un certain temps, ce qui n’est pas sans risque, réduisant mécaniquement la valeur réelle de la dette, au détriment de tous ceux dont le revenu n’est pas indexé sur les hausses de prix, c’est-à-dire des porteurs de dette à taux fixe et des salariés.

Aux Etats-Unis, la forte hausse des taux hypothécaires a provoqué un recul prononcé de la construction immobilière. Le nombre de transactions et les prix des maisons sont en baisse. La baisse de nombreux indicateurs d’activité et le risque accru de récession outre-Atlantique n’a pas échappé aux analystes, induisant une stabilisation des prévisions de hausse des taux directeurs de la Fed à moins de 5% et, paradoxalement, un soulagement des indices boursiers : des taux moins élevés au printemps 2023 étant le gage probable d’une récession moins forte outre-Atlantique. L’inflation à 8.2% en septembre dernier est toujours loin devant les objectifs de la Fed tandis que les salaires progressent à un rythme élevé (+5% pour le salaire horaire moyen) mais qui ne semble plus s’accélérer.

En Chine, la clôture du XXème Congrès du parti communiste a déçu les observateurs, faute de déclaration qui permettrait d’envisager une inflexion prochaine des autorités sur leurs principaux axes politiques. L’affirmation de l’indépendance politique d’une Chine unie (comprendre avec Taïwan) continuera d’alimenter les tensions avec l’occident tandis que la politique du zérocovid se poursuit. Xi Jin Pin a cependant affirmé que la croissance économique demeurait la priorité du gouvernement avec l’objectif de devenir un pays « moyennement développé » d’ici à 2035 ce qui implicitement nécessite une croissance du PIB de 4.4% par an. L’emphase mise sur la prospérité commune et les mécanismes nécessaires à la bonne distribution des richesses pourrait être un préambule à l’instauration de nouvelles taxes sur les plus-values et sur les successions. Les dernières mesures de Biden visant à restreindre les transferts de technologie dans le secteur des semi-conducteurs pèseront sur le développement des secteurs stratégiques, selon le gouvernement chinois, tels que l’intelligence artificielle.

MARCHES

Tandis que le marché obligataire demeure anormalement volatile, les indices boursiers en Europe et aux Etats-Unis ont fortement rebondi au cours du mois, réaction liée à un excès de pessimisme le mois précédent, accompagné de l’espoir d’avoir déjà vu le pire du resserrement monétaire. A contrario, le MSCI China est au plus bas de la décennie, les investisseurs étrangers ayant capitulé face à un gouvernement chinois qui semble demeurer intraitable. Sur le front des devises, le dollar a cessé son mouvement haussier et semble même amorcer un recul.

Le fort rebond des indices européens et américains a été soutenu par la publication de résultats sur le troisième trimestre, venant apporter une vue plus nuancée de la situation des entreprises et mettant en évidence le faible niveau de valorisation de certains secteurs. La saisonnalité devrait être favorable avec une période de novembre à janvier qui s’accompagne le plus souvent d’une hausse des indices. Toutefois, l’environnement conjoncturel demeure dégradé avec une récession devant nous qui doit mécaniquement peser sur les résultats des entreprises. Le mouvement de révisions à la baisse des bénéfices portant sur 2023 ne fait que commencer en Europe. 

En revanche, une baisse sensible des niveaux d’inflation, pourrait mettre un frein au mouvement de contraction des multiples de valorisation. Les marchés émergents ont, quant à eux, le potentiel de rebondir sensiblement à partir des niveaux actuels pour peu que le dix ans américain cesse de progresser et que le conjoncture chinoise s’améliore.

Sources principales : CGPConseil, Agence Internationale de l’Energie, Banque de France, BCE, BEA, BIS, Bloomberg, BOC, BOJ, Coface, Euler Hermès, Facset,
Federal Reserve, Financial Times, FMI, INSEE, ISTAT, MIT, OCDE, OMC, Reuter

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