Depuis le 1er janvier 2025, les entreprises de plus de 10 salariés doivent obligatoirement proposer au moins un dispositif de partage de la valeur à leurs collaborateurs. Face à cette obligation et aux nouvelles contraintes fiscales, les entreprises délaissent progressivement la Prime de Partage de la Valeur (PPV), autrefois privilégiée, au profit des plans d’épargne entreprise, devenus plus attractifs grâce à des évolutions récentes.
Les nouvelles règles de partage de la valeur en 2025
La fin de l’âge d’or de la « prime Macron »
La Prime de Partage de la Valeur (PPV), communément appelée « prime Macron », perd considérablement de son attrait en 2025. Auparavant défiscalisée et exonérée de charges sous certaines conditions, elle subit désormais un double coup dur :
- Pour les employeurs : chaque euro versé en PPV est maintenant intégré dans l’assiette de calcul de la réduction des cotisations patronales, alourdissant ainsi les charges, particulièrement pour les rémunérations comprises entre 1 et 1,6 SMIC
- Pour les salariés : la prime est désormais fiscalisée et soumise aux cotisations sociales, réduisant son intérêt financier immédiat
Comme le souligne Émilienne Grenier : « Jusqu’ici défiscalisée et exonérée de charges sous certaines conditions, elle sera désormais intégrée dans l’assiette de calcul de la réduction des cotisations patronales. Résultat : chaque euro versé en PPV viendra alourdir les charges patronales, principalement pour les rémunérations comprises entre 1 et 1,6 SMIC. »
L’obligation légale pour les entreprises bénéficiaires
La nouvelle législation impose que toutes les entreprises bénéficiaires de plus de 10 salariés mettent en place au moins un mécanisme de partage de la valeur. Cette obligation, entrée en vigueur au 1er janvier 2025, pousse les dirigeants à chercher les solutions les plus adaptées à leur structure, tout en optimisant l’impact fiscal.
L’essor des plans d’épargne entreprise en 2025
Un regain d’attractivité pour l’épargne salariale
Face à la perte d’intérêt de la PPV, les plans d’épargne entreprise connaissent une popularité croissante. Selon l’Association française de la gestion financière (AFG), leur collecte a progressé de 16% en 2023, et tout indique que cette tendance se poursuivra en 2025 au même rythme.
Les entreprises se tournent vers ces dispositifs pour plusieurs raisons :
- Ils génèrent un effet de fidélisation plus important auprès des collaborateurs
- Ils permettent une meilleure projection dans l’avenir pour les salariés
- Ils offrent généralement un meilleur traitement fiscal sur le long terme
Les nouvelles modalités de déblocage anticipé
Les récentes évolutions législatives ont considérablement assoupli les conditions de déblocage des fonds investis dans les plans d’épargne entreprise, les rendant plus attractifs pour les salariés. Auparavant limités à des cas exceptionnels comme un mariage, un divorce ou un déménagement, trois nouvelles possibilités de déblocage anticipé ont été introduites :
- Pour les proches aidants
- En cas de travaux de rénovation énergétique de la résidence principale
- Pour l’acquisition d’un véhicule électrique ou hybride
Ces nouvelles options répondent à des préoccupations contemporaines liées à la transition écologique et aux enjeux sociétaux, rendant le dispositif plus adapté aux besoins actuels des salariés.
L’investissement responsable désormais obligatoire
Autre innovation majeure en 2025 : l’obligation pour les plans d’épargne entreprise d’inclure au moins un fonds d’investissement responsable dans leur offre. Cette mesure s’inscrit dans une tendance de fond, comme le rappelle Émilienne Grenier : « Cette nouveauté répond à une attente forte des salariés. Depuis que ces fonds solidaires existent, leurs encours ont déjà cru cinq fois plus vite que ceux de la moyenne des fonds. »
Mise en place et communication du plan d’épargne entreprise
Une procédure simplifiée pour les employeurs
L’un des atouts du plan d’épargne entreprise réside dans sa relative simplicité de mise en œuvre :
- Il peut être instauré à tout moment de l’année
- Sa durée est librement déterminée par l’entreprise
- Une négociation avec le personnel est nécessaire uniquement en présence d’un délégué syndical ou d’un comité social et économique
- Le règlement doit être communiqué au personnel et déposé sur la plateforme TéléAccords
Cette souplesse facilite son adoption par les entreprises de toutes tailles, y compris les PME désormais concernées par l’obligation de partage de la valeur.
L’importance cruciale de la communication interne
Malgré la simplicité du dispositif, sa réussite dépend grandement de la qualité de la communication déployée en interne. L’experte souligne un constat préoccupant : « 69% d’entre eux [les salariés] affirment manquer d’information sur les dispositifs proposés par leur entreprise, et seuls 12% estiment posséder un niveau de connaissance suffisant pour réaliser des arbitrages sur la façon dont les fonds sont investis. »
Pour remédier à cette situation, Émilienne Grenier recommande :
- Une communication personnalisée adaptée au niveau de connaissance de chaque salarié
- Des formats variés : tutoriels, newsletters, ateliers en présentiel
- Une intensification des communications pendant les périodes clés (versement de l’intéressement, options d’investissement, arbitrages)
- Des témoignages de salariés lors de journées dédiées pour humaniser le sujet
Conclusion : un changement de paradigme bénéfique à long terme
L’évolution du cadre législatif du partage de la valeur marque un tournant majeur dans les pratiques des entreprises. Si la PPV, avec son effet immédiat sur le pouvoir d’achat, reste un outil apprécié, les plans d’épargne entreprise s’imposent progressivement comme une solution plus durable et alignée avec les enjeux contemporains.
Cette transition vers l’épargne salariale présente des avantages pour toutes les parties :
- Pour les employeurs : un outil de fidélisation efficace et fiscalement optimisé
- Pour les salariés : un dispositif plus souple qu’auparavant, avec des options de déblocage adaptées aux réalités actuelles
- Pour la société : une orientation des investissements vers des fonds responsables
Comme le conclut Émilienne Grenier : « L’épargne salariale constitue un avantage social important, très apprécié des collaborateurs. Il importe donc de leur en parler régulièrement, afin qu’ils gardent à l’esprit cet effort consenti par leur employeur, et les bénéfices qu’il leur apporte. »