OPINION. L’entreprise a toujours été un acteur social.
Revue de presse : LaTribune.fr – 21/12/2022 Amandine CHAIGNE
Aujourd’hui, à l’ère des sociétés à impact, nous semblons tout juste nous rappeler que leur mission n’est pas seulement économique. Et quand bien même, l’immense majorité des dirigeants ont toujours valorisé la contribution de leurs collaborateurs à la richesse créée. La nouvelle réglementation sur le partage de la valeur est-elle donc une véritable innovation ou un énième dispositif que l’on ajoute à la longue liste des niches fiscales ?
Vers la fin de l’économie actionnariale ?
Le monde fonctionne autour des flux financiers. Tout comme un ménage a besoin de ressources pour vivre, consommer, l’entreprise a besoin de capitaux pour investir.
Qu’il s’agisse de financements auprès des banques, d’investisseurs institutionnels voire de particuliers, l’entreprise a besoin de trésorerie. En témoignent ces courses effrénées aux levées de fonds où startups et licornes publient des communiqués de presse à chaque million récolté.
Force est de constater que ces capacités financières servent à une chose : mobiliser de nouvelles capacités de travail. Dans un pays comme la France qui se désindustrialise, on ne développe plus une entreprise pour pouvoir recruter. On recrute pour pouvoir développer son entreprise. Une petite nuance mais une nuance quand même.
Au XXIe siècle, ce qui s’échange, ce ne sont plus des bras mais des cerveaux, et bien faits s’il vous plaît. Dans le secteur des nouvelles technologies par exemple, quand un groupe comme Alphabet ou Meta achète une société, ce sont moins des actifs qu’ils acquièrent que des compétences qu’ils intègrent. Ces problématiques sont celles de nombreux dirigeants de PME/TPE.
La valeur, c’est le travail. Il faut donc savoir le valoriser à sa juste valeur.
De la shareholder value à la shared valeur
L’enjeu est de taille pour nos entreprises. Pour les plus grandes déjà qui perdent tous les jours de leur attractivité. Pour les plus modestes ensuite qui ont besoin d’un système financier favorable pour attirer les talents. C’est ici que le partage de la valeur prend tout son sens.
Les vertus sociales et économiques sont nombreuses.
Le partage de la valeur favorise l’engagement et la fidélité des collaborateurs. Il leur assure une rémunération à la hauteur de leurs compétences. Il soulage la charge des employeurs. In fine, le partage de la valeur est à lui seul un créateur de richesse important et qui, cerise sur le gâteau, peut fructifier dans le temps.
Il est donc clair que le système de partage de la valeur est un outil incontournable pour le management d’une entreprise. En faire l’économie, c’est assurément faire une croix sur la rentabilité et le développement de son activité.
Participation ou intéressement ?
La participation est aujourd’hui obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés, encore faut-il que des bénéfices existent.
De même, quand une société décide d’offrir des parts au capital à ses employés, encore faut-il s’assurer de leur valeur lors d’une future vente. Comme toujours, tout cela est une question de confiance dans l’entreprise, l’économie, la Société en somme, en l’avenir.
L’intéressement permet quant à lui aux entreprises qui le souhaitent de verser une prime à ses salariés, sur la base d’objectifs quantifiables. Cette prime n’est pas forcément soumise aux résultats de l’entreprise en fin d’exercice comptable. Cela permet de se projeter sur des projets longs termes, de valoriser la valeur travail et d’orienter les énergies.
Alors, pour ou contre le dividende salarié ?
Nous devons nous préoccuper davantage du tissu entrepreneurial qui fait la force de notre économie, c’est-à-dire les TPE/PME, et leur donner la possibilité de mobiliser l’ensemble des outils au service de leur développement. Si déjà, ils utilisaient les outils existant comme l’intéressement, basé ou non sur des critères de performance financière, mais aussi de critères qui ont du sens : objectifs énergétiques, environnementaux, sociaux ou encore d’innovation.
A chaque entreprise de fixer son projet de croissance et d’aligner les retombées pour les salariés en termes de prime d’intéressement.
Revue de presse : LaTribune.fr – 21/12/2022 Amandine CHAIGNE