La pénurie de main-d’oeuvre pèse sur la reprise des entreprises

Revue de presse : AMF , 17 septembre 2024

Alors qu’elles sortent tout juste la tête de l’eau, les entreprises se retrouvent désormais confrontées à une pénurie de main-d’oeuvre. Un obstacle pour qu’elles redémarrent pleinement leur activité. De plus, le télétravail a enclenché une remise en question des salariés sur leur travail. Résultat, de nombreux acteurs économiques peinent à recruter même dans les métiers bien rémunérés.

A l’heure où la reprise économique se confirme, la réouverture s’accompagne d’une pénurie de main-d’oeuvre de travailleurs qualifiées et de difficultés à obtenir des matières premières. Un véritable obstacle pour certaines entreprises qui tentent de profiter du rebond économique post-crise sanitaire, ont dit dimanche des dirigeants d’entreprise, faisant part de difficultés à trouver preneurs pour des postes vacants.

Une pénurie d’ordre mondial

S’exprimant lors d’une conférence économique annuelle à Aix-en-Provence, certains dirigeants d’entreprises ont en effet fait part de problèmes persistants sur le marché du travail – dont une pénurie de travailleurs qualifiés – qui se sont amplifiés avec la crise du Covid-19, alors que les entreprises tentent de faire face au rebond de la demande.

Le directeur général d’un grand groupe industriel français a par exemple affirmé que son entreprise avait publié des annonces pour 150 postes vacants dans deux usines du pays, mais qu’aucun CV n’avait été reçu. « La crise a peut-être anesthésié la relation des gens avec le travail », a-t-il dit à Reuters en marge des Rencontres Economiques d’Aix-en-Provence, ajoutant néanmoins que le problème était d’ordre mondial, avec des difficultés similaires rencontrées aux Etats-Unis.

Les entreprises peinent en effet à recruter suffisamment pour satisfaire la demande, d’après un rapport de la Banque centrale américaine (Fed) début juin.

« Il est difficile pour de nombreuses entreprises d’embaucher de nouveaux travailleurs, en particulier des travailleurs à bas salaires horaires, des chauffeurs (…) et des commerciaux qualifiés. Le manque de candidats à l’emploi a empêché certaines entreprises d’augmenter leur production », les contraignant même parfois « à réduire leurs heures d’ouverture », a souligné la Fed dans son Livre beige, une étude réalisée auprès des entreprises.

Remise en question

D’autre part, au début de la crise en mars 2020, le gouvernement a mis en place un système avantageux de chômage partiel, et des millions de salariés ont basculé vers le télétravail.

Si les salariés ont dans un premier temps apprécié de travailler depuis chez eux, ils sont depuis lors entrés dans une seconde phase dans laquelle ils remettent en question leur rapport à leur entreprise et à leurs collègues, selon le patron de La Poste.

« Je pense qu’il y a une vraie question sur la fin du salariat », a dit Philippe Wahl lors de la conférence.

Près de la moitié des entreprises du bâtiment, 41% des entreprises du secteur des services et un quart des firmes industrielles peinent à recruter des travailleurs, montre la dernière enquête de la Banque de France.

Aux yeux de certains, le mal est plus profond que cela, avec des problèmes fondamentaux non liés à la crise. Pour Ross McInnes, le patron de Safran, il est nécessaire de revoir le système scolaire français. « Toutes nos entreprises ont du mal à recruter dans des métiers qui sont plutôt bien payés », a-t-il dit lors d’un débat.

Difficultés d’approvisionnement

En plus des problèmes de recrutement, les entreprises du bâtiment et manufacturières éprouvent des difficultés à se procurer les matériaux nécessaires pour livrer leurs clients. La moitié des entreprises du bâtiment font face à des problèmes d’approvisionnement, tandis que 70% des constructeurs automobiles sont concernés, selon la Banque de France.

Au total, six filières sont touchées par les tensions liées aux approvisionnements : l’automobile, l’agroalimentaire et le bâtiment pour la partie client, et l’électronique, la métallurgie et la chimie pour la partie fournisseur. Cette crise est liée un goulet d’étranglement entre une reprise très forte post-confinement, doublé d’un effet de restockage, tandis que les capacités de production ne sont pas dimensionnées pour une telle demande.

« C’est un bazar complet », a déclaré le patron d’un groupe manufacturier français à propos des chaînes d’approvisionnement. Il a ajouté que son entreprise avait mis sur pied 23 groupes de travail pour faire face à des problèmes spécifiques d’approvisionnement, contre deux habituellement. Le problème pourrait durer jusqu’à fin 2022, a-t-il dit.

Revue de Presse : La Tribune 5 juillet 2021

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