Les derniers indicateurs économiques publiés pointent vers un ralentissement de l’économie, en particulier dans l’industrie.
La banque centrale américaine (Federal Reserve), soucieuse de maintenir un niveau d’activité satisfaisant prévoit donc maintenant de baisser ses taux dès septembre prochain. Le desserrement de la politique monétaire devrait progressivement être épousé par l’ensemble des pays du monde à l’exception du Japon où les taux sont toujours anormalement bas par rapport à leur niveau d’inflation. En Europe, la croissance demeure atone alors que la consommation marque le pas.
Le début du mois d’août a été marqué par une brève chute des indices boursiers
L’explosion de la volatilité sur les marchés financiers avec un paroxysme le 5 août a été provoquée, d’une part, par les craintes d’un ralentissement plus fort qu’attendu de l’économie, notamment à la vue des chiffres sur le marché de l’emploi aux Etats-Unis.
La remontée des risques de récession aux Etats-Unis mérite de s’arrêter un moment sur ce sujet. Le faible endettement des ménages américains est un élément structurel très favorable. Par contre, l’observateur pourra constater une remontée des spreads de taux depuis le printemps dernier (écart entre les taux auxquels empruntent les entreprises et le taux sans risque), une baisse assez forte du nombre de nouveaux emplois créés ainsi qu’une remontée du chômage qui est passé de 3.4% en avril 2023 à 4.3% en juillet dernier.
L’activité dans l’industrie est, quant à elle, en zone de contraction (ISM manufacturier de 46.8). Enfin les ventes au détail, en termes réels, sont en territoire négatif depuis plusieurs mois.
La consommation totale, incluant les services, demeure cependant à un niveau satisfaisant (+2.21% en variation annuelle et en termes réels), soutenue par une augmentation du pouvoir d’achat. L’ensemble des investisseurs demeure optimiste, ne croyant plus à une récession qui leur est prédite depuis si longtemps sans jamais survenir…
Il est vrai que les indicateurs avancés, jusqu’ici très fiables, tels que l’inversion de la courbe des taux, ont été démentis en 2023 et pour deux raisons principales : une politique budgétaire fortement expansionniste et des réserves de liquidités exceptionnelles suite à la crise sanitaire.
Le 10 ans américain qui est passé de 4.6% en avril dernier à 3.80% aujourd’hui accompagne des perspectives plus favorables sur l’inflation mais indique aussi que le marché obligataire constate ce ralentissement de l’activité.
En Chine, l’activité pâtit toujours de la morosité de la consommation, les ménages étant confrontés à une crise immobilière chinoise qui dure maintenant depuis plus de trois ans.
Or, le gouvernement serait en train de préparer une mesure qui permettrait à des millions de ménages de refinancer leur prêt hypothécaire, libérant ainsi du pouvoir d’achat. Ils pourraient renégocier leurs prêts et être autorisés à changer de banque.
Le taux hypothécaire chinois est aujourd’hui de l’ordre de 3.5% mais il était encore à plus de 5.5% de 2018 à 2021. Cette mesure serait plus efficace qu’une baisse ponctuelle des taux en soutenant la consommation au détriment des marges des banques. L’ensemble des prêts hypothécaires portés par les ménages chinois est estimé à 38.2 trilliards de Yuan (soit 5400 milliards de dollars). Le PIB chinois s’élevait en 2023 à 126,06 trilliards de Yuan.
Cette politique aurait donc un impact favorable bien que limité. Elle illustre la nouvelle orientation du gouvernement chinois qui privilégie aujourd’hui les réformes favorables à la consommation des ménages.
MARCHÉS
La chute spectaculaire des indices boursiers et l’explosion de la volatilité a fait place à un rapide retour au calme, les indices réintégrant la marge de fluctuation dans laquelle ils évoluent depuis le printemps dernier.
Le CAC 40 subit toujours une petite décote par rapport aux autres indices européens compte-tenu de la situation politique tandis que les performances du Nasdaq sont depuis trois mois inférieures à celles du S&P 500.
La chute de plus de 10% des principaux indices boursiers a constitué une occasion pour renforcer la part des actifs risqués des investisseurs. La rapidité du rebond, suite à un retour au calme sur les devises et aux propos rassurants tenus par les banquiers centraux, aura cependant probablement limité les opportunités.
Finalement, les marchés sont revenus au point de départ, avec cependant un optimisme accru quant au rythme du desserrement des politiques monétaires ces prochains mois.
Le scénario central des investisseurs demeure le ralentissement en douceur de la conjoncture, soutenue par la consommation des ménages et la baisse des taux directeurs. Attentions aux élections américaines prochaines …
Celles-ci se rapprochent et les investisseurs vont progressivement intégrer les programmes politiques des candidats pour valoriser les marchés. Ainsi, lorsque Kamala Harris prévoit une augmentation de 21% à 28% du taux d’imposition des sociétés, le taux effectif étant plus bas, cela devrait se traduire mécaniquement par une baisse des bénéfices de quelques 9% toutes choses égales par ailleurs…
Lorsqu’en 2017, Trump avait été élu, les investisseurs avaient mis du temps pour prendre en compte la spectaculaire baisse du taux d’imposition sur les sociétés qui s’était tout de même traduite par une augmentation d’une vingtaine de pour cent de leurs bénéfices nets après impôts.
Sources principales :Agence Internationale de l’Energie, Banque de France, BCE, BEA, BIS, Bloomberg, BOJ, BOC, Coface, CGPC Euler Hermès, Facset, Federal Reserve, Financial Times, FMI, INSEE, ISTAT, MIT, OCDE, OMC, Reuter.