Retour sur les marchés – mai 2024

La conjoncture mondiale est toujours favorablement orientée. Les prévisions de croissance pour l’année 2024 se sont légèrement améliorées, portées par un certain optimiste aux Etats-Unis dont les prévisions de croissance du PIB pour 2024 sont passées de 1.30% en début d’année à 2.40%. Certains indicateurs, les intentions d’embauches par exemple, donnent cependant des signes de ralentissement. L’excès d’épargne des ménages américains est maintenant épuisé, mais la consommation demeure pour l’instant portée par l’évolution favorable des revenus réels. Dans la zone euro, le consensus prévoit aujourd’hui une croissance du PIB de 0.70% pour l’année en cours et de 1.40% pour 2025. L’écart de croissance entre les deux côtés de l’Atlantique devrait s’amenuiser progressivement ces douze prochains mois, sans toutefois s’inverser.

L’amélioration de la conjoncture en Europe se confirme

En Chine, le PIB devrait croître de 5% en 2024. L’activité industrielle s’améliore nettement, mais le moral du consommateur demeure faible. Les autorités chinoises poursuivent ainsi l’ajustement de leur politique monétaire. Toutefois, sur le sujet de l’immobilier comme sur celui de l’endettement des provinces, la période d’ajustement et d’assainissement sera vraisemblablement très longue. L’inflation est maintenant de 2.60% dans la zone euro et de 3.60% aux Etats-Unis (les derniers chiffres annualisés publiés portent sur le mois de mai). L’inflation sous-jacente est un peu plus élevée. Nous sommes donc proches, sur le vieux continent, des objectifs de la BCE. Il est possible d’envisager une baisse de 150 points à 200 points de base des taux directeurs européens d’ici à fin 2025. La situation est un peu plus délicate aux Etats-Unis où il faut attendre une poursuite du reflux des hausses de salaire. La normalisation de leur progression se poursuit et permet donc d’être relativement optimiste sur l’évolution de l’inflation ces prochains trimestres, hors choc exogène. On notera toutefois que l’inflation ne baisse plus depuis l’automne dernier…

Trum est en tête des sondages pour les présidentielles du 5 novembre

Trump se place en tête des sondages portant sur les élections présidentielles américaines du 5 novembre 2024 et ce, en dépit des différents procès auxquels il doit faire face. Les chiffres varient sensiblement en fonction des sondages, mais en moyenne, Trump recueillerait 41% des voix contre 39.7% pour Biden et 9.8% pour Kennedy. Les désaccords entre démocrates et républicains sont nombreux et portent notamment sur les conflits géopolitiques, la poursuite ou non du soutien aux politiques de lutte contre le réchauffement climatique et la politique fiscale.

L’évolution de la société nord-américaine est préoccupante : la polarisation politique s’accroît avec une détestation du parti adverse qui nuit au dialogue. Le niveau des inégalités rappelle la première partie du XXe siècle tandis que le financement, autrefois illégal mais maintenant illimité, des partis politiques par des intérêts privés affaiblit la légitimité des institutions démocratiques. Il en découle une baisse du niveau de confiance du peuple dans ses institutions. Une des conséquences de cette évolution se traduit par un mouvement de population vers les Etats dont l’orientation politique leur est la plus proche avec un rejet de l’autorité fédérale. On notera l’entretien récent de Ray Dalio, le milliardaire américain fondateur de Bridgewater, publié dans le Financial Times, qui estime de 35% à 40% la probabilité d’occurrence d’une guerre civile sous une forme ou sous une autre aux Etats-Unis, tout en présentant cependant le pays comme le meilleur endroit du monde pour innover et investir.

MARCHÉS

Les principaux indices des marchés actions progressent au cours du mois. Le S&P 500 est toujours largement soutenu par Nvidia même si l’on remarquera que toutes les sociétés liées à l’intelligence artificielle ne se comportent pas aussi bien (cf. Dell). Le marché chinois, après un très beau rebond sur ses plus bas de fin janvier dernier cède un peu de terrain dans la seconde partie du mois de mai sous l’effet de prises de bénéfices.
Le marché indien est quant à lui à peu près stable en attendant le résultat des élections pour lesquelles Modi est toujours favori. A noter, le rebond de la couronne norvégienne (+5.89%) sur le mois de mai et l’absence de réaction des taux français à la dégradation de la note de notre pays par standard and Poor de AA à AA- justifiée par l’accumulation des déficits publics et par
l’envolée de notre dette. L’écart de rendement entre le 10 ans français et le 10 ans allemand s’établit à 0.47% toujours bien en deçà de son niveau lors de la crise de l’euro (+1.29% en avril 2012).

Les perspectives conjoncturelles sont interprétés par les investisseurs de manière favorables, à condition de bien vouloir écarter les problèmes géopolitiques et les niveaux d’endettement qui viennent augmenter le risque de chocs exogènes. Toutefois, la hausse récente des indices milite pour une attitude plus prudente à court terme.

Les niveaux de valorisation des marchés européens et asiatiques se sont rapprochés de leur point d’équilibre. Coté obligataire, dans une perspective de baisse des taux aux Etats-Unis, la partie courte de la courbe interesse davantage les investisseurs, ouvrant la voie vers des stratégies de « repentification ».

Sources principales :
Agence Internationale de l’Energie, Banque de France, BCE, BEA, BIS, Bloomberg, BOJ, BOC, CGPConseils, Coface, Euler Hermès, Facset, Federal Reserve, Financial Times, FMI, INSEE, ISTAT, MIT, OCDE, OMC, Reuter.

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