Les conseils de Dominique Senequier (Ardian) aux créatrices d’entreprise

Revue de presse : Anne-Marie Rocco, Challenge – le 24 octobre 2022

Star de l’investissement privé, la fondatrice et présidente d’Ardian a décidé de soutenir le parcours Booster de Force Femmes, financièrement et en assurant l’accompagnement de femmes entrepreneures. Le 13 octobre, elle dispensait ses propres conseils aux participantes à ce programme.

« Les principales erreurs que l’on peut faire quand on crée sa structure? C’est sur le choix des collaborateurs, explique Dominique Senequier à un auditoire de dix femmes, créatrices d’entreprise, qui boivent ses paroles. Il faut faire attention dans les recrutements, surtout dans les petites sociétés. Nous, nous prenions des stagiaires et nous essayions de voir quels humains ils étaient car pour investir directement dans les entreprises, il faut de l’empathie. »

Ce n’est pas tous les jours que des créatrices d’entreprises ont l’occasion d’écouter une icône de la finance comme Dominique Senequier, fondatrice d’Axa Private Equity en 1996, devenu Ardian en 2013 après avoir été racheté par ses salariés. Une polytechnicienne discrète, au parcours unique dans la finance, secteur qui aujourd’hui encore peine à se féminiser: sa société est aujourd’hui l’un des leaders mondiaux du capital-investissement, avec 125 milliards de dollars d’actifs sous gestion en Europe, en Amérique ou en Asie.

25.000 femmes déjà accompagnées par Force Femmes

Rendez-vous était donné un jour de grande pluie au siège d’Ardian, place Vendôme, belle adresse au milieu de luxueuses enseignes de joaillerie, face à l’hôtel Ritz et au ministère de la Justice. Dominique Senequier, sa présidente, y recevait le 13 octobre les dix lauréates du programme Booster, auquel elle apporte un soutien financier tandis que plusieurs de ses collaborateurs conseillent les lauréates. Ce nouveau parcours a été créé par Force Femmes, l’association créée en 2005 par Véronique Morali (présidente de Fimalac Développement et de Webedia) qui a, depuis son lancement, accompagné 25.000 femmes dans leur recherche d’emploi ou dans leur création d’entreprise grâce à ses 950 bénévoles recrutés pour leurs compétences professionnelles.

Destiné à des femmes de plus de 40 ans qui cherchent à consolider leur projet, un an ou trois ans après la création de leur société, le programme Booster les accompagne pendant trois mois sur des problématiques spécifiques. Par exemple, travailler leur leadership et leur force de conviction ou apprendre à évaluer le risque entrepreneurial au travers de conseils d’experts, de coaching et d’ateliers pratiques animés par l’association Eloquentia. « Ce programme doit permettre à ces créatrices d’entreprise d’entamer une phase significative dans le développement de leur projet », souligne Véronique Morali.

En revenant sur son parcours devant les dix participantes à la première édition de ce programme, Dominique Senequier a donné un éclairage particulier sur la gestion des temps de crise ou sur les pivots stratégiques, deux des thèmes abordés pendant la session d’octobre de Booster. Dans un monde où les risques se multiplient, la fondatrice d’Ardian prône la plus grande prudence, notamment pour l’ouverture du capital.

« Pas optimiste du tout pour les 15 mois qui viennent »

« Il vaut mieux attendre trois ou quatre ans avant de donner des actions », estime Dominique Senequier, qui a longtemps travaillé sous l’ombrelle d’Axa avant d’ouvrir le capital aux salariés. « En 2013, nous avions déjà près de 20 ans d’existence », a-t-elle rappelé, après être longuement revenue sur la création d’Axa Private Equity, sa rencontre avec Claude Bébéar à la sortie de Polytechnique et le rachat de la société par ses salariés. « Nous avons 600 actionnaires maintenant », souligne-t-elle.

Dans le contexte actuel, si incertain, est-il trop aventureux de lancer son entreprise? A cette question aussi, Dominique Senequier répond par la nécessité d’adopter une attitude raisonnée: « Il faut faire de son mieux mais aussi accepter de changer de voie et non de continuer contre vents et marées. » Car la présidente d’Ardian n’aime pas le contexte « diabolique de crise, d’inflation et de guerre qui accélère les clivages dans le monde ». Elle en a pourtant connu, des crises et des récessions. Mais elle est obligée de le reconnaître: « je ne suis pas optimiste du tout pour les 15 mois qui viennent ».

Comment une créatrice d’entreprise peut-elle s’en sortir dans de telles conditions? « Le principe numéro 1, c’est de garder de la trésorerie », avertit Dominique Senequier. Deuxième règle: « moins d’embauches, parce que ça va être difficile ». La troisième règle, déjà énoncée, mérite d’être rappelée: « Si vous ouvrez votre capital trop tôt, vous allez être rapidement diluée. » Peut-être sera-t-il difficile de trouver un prêt, d’autant que « les femmes ont des difficultés à accéder à l’argent », signale Véronique Morali. Mais c’est en soi qu’il faut trouver la force de trouver son chemin. Après tant d’années, « j’ai toujours de l’enthousiasme », reconnaît Dominique Senequier. C’est l’une des clés de sa réussite.

Revue de presse : Anne-Marie Rocco, Challenge – le 24 octobre 2022

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