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Marchés financiers

Actualité des marchés – novembre 2021

Le nombre de nouveaux cas Covid-19 progresse sensiblement en Europe depuis quelques semaines au point d’inquiéter à nouveau les autorités alors que l’OMS indique que les vaccins sont déjà beaucoup moins efficaces face au variant Delta. De nouvelles mesures de restriction ont été prises en France, en Allemagne, en Autriche (fermeture des restaurants, bars, commerces non-essentiels mais maintien de l’ouverture des écoles), aux Pays-Bas, au Portugal (port du masque en intérieur, « pass sanitaire » et incitation au télétravail) et en Belgique. Celles-ci devraient peser à nouveau sur la confiance des ménages.

Mais c’est l’apparition du variant sud-africain B.1.1.529, nommé Omicron qui a fait chuter les marchés vendredi 26 novembre dernier. Celui-ci comporte un grand nombre de mutations ce qui induit un risque accru de baisse d’efficacité des vaccins. Il a été mis sous surveillance par l’OMS et classé dans la catégorie des variants potentiellement dangereux. Il est actuellement présent en Afrique du sud, au Bostwana et à Hong-Kong. Quelques cas viennent d’être détectés en Grande-Bretagne, en Italie, aux Pays-Bas et dans d’autres pays européens. Les premières données disponibles semblent montrer qu’il est plus contagieux que le variant Delta. Par contre, les personnes infectées présentent des symptômes plutôt limités tels qu’une grande fatigue, une toux et des muscles endoloris. Elles n’ont pas été hospitalisées. Ce dernier point mérite d’être confirmé, mais si cela était avéré, cela laisserait présager d’évolution très favorable de la maladie vers une forme plus bénigne. Ce serait une très bonne nouvelle pour tout le monde, à l’exception des grandes sociétés pharmaceutiques.

Les autorités de plusieurs pays ont décidé d’interrompre les vols provenant d’Afrique du Sud et d’autres pays d’Afrique Australe tandis que les modalités pour voyager entre pays européens vont se durcir. L’ensemble des pays va reconsidérer les mesures à suivre pour lutter contre l’infection mettant fin pour quelques temps à la réouverture progressive des économies.

Pfizer a annoncé pouvoir modifier son vaccin en six semaines avec des premières livraisons dans une centaine de jours. Mais la production de milliards de vaccins prendra beaucoup plus de temps et nous projette probablement à l’été prochain. Par contre, à ce stade, il n’y a pas de raison de penser que les nouveaux antiviraux disponibles seront moins efficaces contre le B.1.1.529.

L’ensemble des indicateurs économiques publiés aux Etats-Unis et en Europe sont bons et militent pour une poursuite de la croissance en 2022 à un rythme plutôt élevé.  La forte dynamique du marché de l’emploi aux Etats-Unis avec un indice des nouvelles inscriptions aux chômage revenu à son niveau de 2017 est tout à fait notable. Les inquiétudes sur la situation sanitaire risquent cependant de les reléguer au second plan pendant quelque temps.

Les chiffres sur l’inflation sont toujours très élevés, en particulier pour les biens par rapport aux services. L’Union européenne et la France enregistrent ainsi une inflation de respectivement 3.8% et 3.4% pour le mois d’octobre 2021. En Chine, les prix à la production ont atteint 13.5% en octobre, un record depuis 26 ans. Aux Etats-Unis, l’inflation qui s’élevait à 6.2% en octobre, touche maintenant un grand nombre de produits, allant de l’alimentation à l’électricité en passant par les loisirs et le logement. La Fed anticipe désormais un retour vers son objectif d’inflation de 2% en 2023. Les salaires progressent sensiblement (+4.1% en octobre selon l’indice de la Federal Reserve d’Atlanta qui mesure la progression médiane des salaires sur 3 mois glissants). Les banques centrales et la grande majorité des économistes, à la lumière des vingt dernières années, continuent de prévoir que l’inflation sera transitoire et que les forces déflationnistes que sont la globalisation et l’évolution technologique, finiront par prévaloir.

En Europe, la BCE considère que l’inflation restera limitée avec des salaires négociés qui demeurent en faible progression, écartant ainsi toute perspective de hausse de ses taux directeurs en 2022. Elle se place ainsi à l’écart du mouvement de transition des politiques monétaires suivi par la Federal Reserve et la Banque d’Angleterre, ce qui pèse nettement sur les cours de l’euro. En Allemagne, la nouvelle coalition tripartite, associant le FPD, les verts et le SPD, s’est déjà engagée à revenir à l’équilibre budgétaire en 2023.

En Chine, les investisseurs demeurent inquiets face au ralentissement de l’économie et à la crise immobilière qui, associées à la politique du zéro covid, pèsent sur la croissance. Le défaut de Fantasia Holdings group, promoteur immobilier, qui quelques semaines auparavant rassurait les investisseurs sur sa solvabilité, a surpris le marché et réduit le niveau de confiance accordé aux entreprises chinoises. Xi Jinping a fait inscrire dans la constitution chinoise sa ligne politique, comme l’avait fait avant lui Mao Zedong et Deng Xiaoping. Il pourra désormais, lui aussi, gouverner indéfiniment afin, selon le parti communiste chinois, de répondre aux défis du moment.

Marchés

La chute des marchés suite à l’apparition du variant sud-africain Omicron a particulièrement été sensible sur les bourses européennes, tout en mettant fin à la remontée du rendement du 10 ans américain. Les secteurs les plus touchés ont été bien sûr ceux qui auraient le plus à perdre en cas de reconfinement, à savoir les transports et loisirs ainsi que les pétrolières et les bancaires. Le dollar s’est par ailleurs fortement apprécié ces derniers mois, pesant sur le service de la dette des pays émergents. Les devises des pays émergents ont ainsi sensiblement baissé. On remarquera enfin la prééminence du marché  américain qui représente maintenant plus de 41% de la capitalisation boursière mondiale, alors que le PIB des Etats-Unis s’élève à environ 20% du PIB mondial (15% environ en parité des pouvoirs d’achat).

Une période d’incertitude de quelques semaines s’ouvre devant nous, le temps que les scientifiques précisent la nature de la menace. Quelle sera la baisse d’efficacité des vaccins ? Dans combien de temps disposerons-nous de nouveaux vaccins ? Quelle est la létalité du variant sud-africain ? A court terme, le principal risque pour les marchés est de nous voir à nouveau imposer un confinement qui viendrait sensiblement impacter la croissance, comme ce fut le cas, début 2020. Il nous semble cependant que, par rapport à mars 2020, notre capacité collective d’adaptation est bien meilleure, ce qui rend une correction d’une ampleur comparable à celle que nous avons connue peu probable.

Nous avons déjà baissé de près de 8% sur l’Euro Stoxx 50 depuis ses plus hauts de novembre dernier ce qui nous ramène sur des niveaux d’il y a 6 mois, période pendant laquelle les estimations de résultats ont progressé. Les secteurs financiers et pétroliers sont revenus à des niveaux de valorisation attractifs, pour peu que l’on ne se dirige pas vers une récession. Plus globalement, les multiples de valorisation des marchés européens et des marchés émergents se sont contractés depuis le début de l’année ce qui est plutôt rassurant.

Outre le facteur sanitaire,  la déconnexion qui perdure entre les politiques monétaires et la croissance nominale, constitue un facteur déstabilisateur dont nous devrions voir les effets l’année prochaine. Le grand réajustement n’a pas encore eu lieu.

A court terme, il semble que le recul actuel du marché constitue plutôt une opportunité d’achat pour tout ceux qui n’étaient pas, ou trop peu, investis et qui sont prêts à accepter un surcroît de volatilité. Le point bas de la correction n’est cependant pas prévisible…

Sources principales : Banque de France, Federal Reserve, CGP Conseil, FMI, OCDE, BIS, BEA, BCE, BOJ, BOC, Bloomberg, Reuter, Facset, Financial Times, Agence Internationale de l’Energie, OMC, INSEE, Euler Hermès, Coface, MIT, ISTAT.

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