Lever des fonds ne signifie pas forcément ouvrir son capital. De nombreuses entreprises cherchent aujourd’hui à financer leur croissance sans diluer la gouvernance ni partager la création de valeur. Plusieurs leviers existent, allant des subventions aux obligations, en passant par le crowdfunding ou les aides fiscales.
Pourquoi chercher des financements non dilutifs ?
Les limites de la levée de fonds traditionnelle
Comme le rappelle Loïc Jeambrun (EY), l’article publié par DAF Mag, l’ouverture de capital entraîne deux contraintes majeures :
- la perte partielle de contrôle de la gouvernance,
- et l’incertitude sur la valeur future de l’entreprise, rendant le coût du financement imprévisible.
Un contexte incertain qui appelle à la diversification
Selon Matthieu Bacquin (Self & Innov), mixer plusieurs sources de financement est aujourd’hui la meilleure stratégie pour sécuriser l’avenir, surtout dans un environnement instable.
Les subventions : l’argent « gratuit » mais contraint
Des dispositifs puissants
- Octroyées par l’Europe, l’État (BPI, Ademe), les régions ou la Bourse French Tech.
- Ciblent en priorité les projets d’innovation (deep tech, impact tech, baby tech).
- Exemple : 149 M€ pour Lhyfe dans l’hydrogène vert (PIIEC 2025).
Avantages et limites
- Non remboursables, elles peuvent couvrir jusqu’à 70 % des dépenses de R&D.
- Mais contraintes fortes : projet figé, critères d’éligibilité stricts, contrôles possibles.
- Principe clé : ne pas engager les dépenses avant la demande.
Les prêts et avances remboursables
Alternatives aux prêts bancaires
- Proposés par la BPI, les régions ou des réseaux (Réseau Entreprendre, Initiative France).
- Souplesse d’utilisation des fonds, mais vigilance sur les clauses de défaut croisé qui peuvent fragiliser la trésorerie.
Le financement obligataire
Une dette privée attractive
- Émission de titres de créance souscrits par des investisseurs.
- Non dilutif, permet d’éviter un refus bancaire.
- Exemple : Carbon (giga-usine photovoltaïque) a levé 3 M€ via la plateforme Enerfip à 8,5 % par an.
Pour quelles entreprises ?
Plutôt adapté aux structures matures, mais désormais accessible via le financement participatif.
Le crowdfunding et le crowdlending
Une option B2C pertinente
- Permet de lever des montants modestes, souvent pour des dépenses non finançables par les prêts traditionnels.
- Utile lorsque les banques resserrent leurs conditions.
- Intéressant pour les start-up ayant une base clients engagée.
Les levées en royalties
Un modèle encore émergent
- L’entreprise verse aux investisseurs un pourcentage de son chiffre d’affaires futur.
- Pas d’accès au capital, donc pas de dilution.
- Les échéances s’adaptent à la réussite de l’entreprise.
- Exemple : l’accélérateur Service Compris a développé une offre avec WeDoGood pour l’alimentaire.
Les aides fiscales : un levier indirect
CIR, CII et statut de Jeune Entreprise Innovante
- Crédit Impôt Recherche et Crédit Impôt Innovation : jusqu’à 20 000 € par ingénieur R&D.
- Attention : impossible de cumuler une même dépense avec subvention + crédit d’impôt.
Une logique de remboursement différé
Ces aides interviennent après les dépenses, nécessitant donc une trésorerie initiale.
Conclusion : mixer les solutions pour sécuriser sa croissance
Les financements non dilutifs offrent de multiples options pour soutenir les projets sans perte de contrôle capitalistique. Mais chacun comporte ses spécificités et contraintes.
La clé réside dans :
- une anticipation rigoureuse des besoins,
- une diversification des leviers (subventions, dettes, aides fiscales),
- et une sécurisation juridique des montages.
Ainsi, loin d’opposer levée de fonds et financements alternatifs, les entreprises peuvent construire une stratégie hybride pour accompagner leur développement.
D’après l’article publié par DAF Mag