Avril 2020 – actualité des marchés financiers

• Le FMI prévoit une baisse de 3% PIB mondial en 2020

• 65 pays seront en récession dans le monde cette année

• L’Europe connait le plus sévère recul de son activité post seconde guerre mondiale

• L’ampleur des mesures de soutien est sans précédent

Nous ne sommes malheureusement qu’au début de la crise économique. La sortie de la pandémie sera longue et délicate. La soudaineté, ainsi que l’ampleur de cette récession en font une première historique; la rapidité et l’ampleur de la mise en place des mesures d’aide des pouvoirs publics et des banques centrales (trois semaines pour ces dernières contre huit mois en 2008) également.

La chute estimée du PIB en 2020 pour l’Europe devrait être de l’ordre de 7% et de 6% pour les Etats-Unis, selon les dernières prévisions du FMI. Un américain sur six est au chômage et les taux de défaut devraient monter violemment. La Coface prévoit une hausse de 25% des défaillances d’entreprises dans le monde cette année. En France, l’INSEE évalue que la consommation des ménages en confinement se situe à 65% de la normale. Le retour à l’activité, la baisse du taux d’épargne des ménages et les plans de relance conduiront-ils à un fort taux de croissance pour 2021 ?

Le triple mode d’action, intervention des banques centrales, dépenses publiques pour le soutien des ménages et des entreprises, suivi d’un plan de relance et déploiement de garanties d’état constitue l’architecture des politiques économiques déployées à l’échelle mondiale et plus particulièrement au Japon, en Europe et aux Etats-Unis. Des effets durables de la crise persisteront néanmoins. La monétisation de la dette et la hausse de l’endettement des états, alors que le niveau d’endettement était déjà très élevé au abord de la crise, fragiliseront durablement le système économique. Les secteurs les plus touchés tels que restauration, petits commerces, transport aérien, tourisme, services pétroliers, ne pourront probablement pas éviter de nombreuses cessations d’activité. Le numérique s’impose comme nouvelle organisation du travail.

La diversification des sources d’approvisionnement pour les entreprises, mais aussi pour les Etats qui souhaiteront rapatrier la production de produits stratégiques, va redevenir une préoccupation. Enfin, la crise a mis en évidence l’hétérogénéité du niveau d’efficacité des différents pays. En Europe, l’Allemagne se distingue, ayant abordé la crise en étant peu endettée, donc capable de réaliser un plan de relance plus ambitieux et comptabilise quatre fois moins de morts que la France pour un nombre de personnes infectées équivalent. Sur le vieux continent et à l’autre extrémité du spectre, l’Italie vient de voir sa note dégradée par Fitch (une des trois grandes agences de notation), ce qui place le pays à la limite de voir basculer la qualification de sa dette souveraine comme étant à risque de défaut très élevé (« high yield »). Le soutien de la BCE permet aujourd’hui au pays de conserver un coût de son endettement relativement faible. Comment l’Italie pourra-elle rétablir ses grands équilibres sur le long terme ?

Avec une baisse de près de 30 % au mois de mars, les marchés actions mondiaux ont fait preuve d’une relative bonne tenue au regard de la gravité et la profondeur de la crise économique.  Le mois d’avril a été le mois du rebond. Le marché américain se distingue avec un rattrapage qui efface presque toute la baisse. Cette différence de dynamique peut, en partie, s’expliquer par l’importance des grandes valeurs de l’internet sur le marché américain (Google, Microsoft, Amazone, Facebook…). Si la technologie et la santé ont été les secteurs refuges pour des raisons bien compréhensibles, les transports aériens, l’automobile et l’énergie ont été particulièrement à la peine. Les difficultés extrêmes du secteur pétrolier sont illustrées par la faiblesse du cours du pétrole. Les devises refuges (Dollar et Yen) ont continué à être recherchées.

Le rebond extrêmement rapide des bourses mondiales, au cours du mois d’avril, a été porté par les plans de soutien des pouvoirs publics, les perspectives de reprise d’activité associées à une évolution favorable du nombre de personnes contaminées par le Covid-19 et enfin par l’anticipation de l’arrivée des premiers traitements médicaux.  Le retour à la normale va prendre du temps et les dégâts occasionnés dans les bilans des entreprises seront là pour plusieurs années. Une remontée en une seule vague apparaît donc fragile. Si nous avons identifié le mois de mars comme un point d’entrée de long terme sur les marchés, la rapidité du rebond nous invite à une certaine prudence à court terme. Dans le cadre d’une perspective plus longue, le niveau de la dette, déjà trop élevé avant cette crise, va faire un bond considérable cette année et nous porter à des niveaux inconnus hors guerres mondiales, au cours de l’histoire moderne. Ainsi nous craignons pour les investissements sur les obligations de moyen et long terme. Sur les marchés émergents, la forte correction de certaines places boursieres nous offre des points d’entrée pour le moyen et long terme. L’Inde en particulier a des perspectives de croissance élevées et bénéficie de la chute du prix du pétrole.


Sources principales : Banque de France, Federal Reserve, FMI, OCDE, BIS, BEA, BCE, BOJ, BOC, Bloomberg, Reuter, Facset, Financial Times, Agence Internationale de l’Energie, CGP Conseil, OMC, INSEE, Euler Hermès, Coface, MIT, ISTAT.

Avertissement : Ce texte décrit notre perception de la conjoncture économique et financière ainsi que notre opinion sincère et indépendante, à un moment donné, en fonction des informations dont nous disposons et de leur appréciation. Nous ne prenons pas en compte la situation personnelle de chaque investisseur, ses contraintes et le degré de risque qu’il est prêt à assumer. Les placements sur les marchés financiers peuvent subir une importante perte en capital et sont soumis à de nombreux aléas. L’évolution des cours des actions, des taux d’intérêt et des taux de change ainsi que le déroulement des cycles économiques peuvent notamment modifier grandement les rendements attendus des actifs considérés.

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