En 2025, 24 300 foyers fiscaux voient apparaître une nouvelle imposition : la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR). Elle vise à garantir un taux d’imposition minimal de 20 % pour certains revenus. Voici ce que vous devez connaître pour anticiper.
Comment savoir si vous êtes concerné par ce nouvelle impôt ?
Sont concernés les contribuables domiciliés fiscalement en France au sens de l’article 4 B du CGI, dont le revenu fiscal de référence ajusté du foyer dépasse 250 000 € pour une personne seule ou 500 000 € pour un couple soumis à imposition commune, et qui supportent un taux moyen d’imposition inférieur à 20 % de ce revenu fiscal de référence ajusté
Quelles sont les trois étapes du calcul de la Contribution différentielle sur les hauts revenus ?
Etape 1 – Calculé sont revenue fiscal de référence ajusté
On part du revenu fiscal de référence (RFR) du foyer, puis on y retire certains revenus pour qu’ils ne soient pas comptabilisés dans l’assiette de la CDHR. Parmi ces revenus sont exclus :
- L’abattement fixe de 500 000 € sur les gains de cession de titres par des dirigeants qui prennent leur retraite ;
- L’abattement de 40 % sur certains revenus distribués (lorsqu’option pour le barème progressif) ;
- L’abattement de 50 % sur certaines attributions gratuites d’actions, inférieures à 300 000 € ;
- Les produits ou revenus exonérés en vertu d’une convention fiscale internationale ;
- Les produits ou revenus exonérés en application de l’article 155 B du CGI (régime des impatriés).
De plus, pour les revenus exceptionnels —seuls 25 % de leur montant sont retenus pour le calcul de la CDHR.
Etape 2 – Calcul du montant de l’impôt déjà payé, avec retraitements
Concernant l’impôt sur le revenu, on retient d’abord son montant brut, auquel s’ajoutent des majorations : 1 500 € par personne à charge, ou 12 500 € pour un foyer imposé conjointement.
On y incorpore ensuite la Contribution exceptionnelle sur les hauts revenus (CEHR) dans sa version “brute”, c’est‑à‑dire sans appliquer le mécanisme de quotient généralement prévu pour adoucir l’imposition des revenus exceptionnels.
Par ailleurs, seules certaines réductions ou crédits d’impôt, limitativement énumérés par la loi, sont réintégrés dans l’assiette.
Concernant, les prélèvements libératoires réalisés avant la publication de la loi de finances 2025 sont écartés du calcul : ni les prélèvements eux-mêmes ni les revenus concernés ne sont inclus dans le revenu fiscal de référence ajusté, ce qui évite une application rétroactive trop contraignante du dispositif.
Enfin, quand il s’agit de revenus exceptionnels, l’impôt afférent n’est retenu qu’à 25 %, conformément au même mécanisme d’apurement. L’administration fiscale n’a pas précisé de manière exhaustive ce qui constitue un revenu exceptionnel dans le cadre de la Contribution Différentielle sur les Hauts Revenus (CDHR). Néanmoins, elle définit généralement un revenu exceptionnel comme un revenu qui dépasse la moyenne des revenus imposables des trois années précédentes et qui ne se renouvelle pas chaque année.
Ainsi, les gains réguliers d’un portefeuille ne sont pas considérés comme des revenus exceptionnels, car ils font partie du revenu ordinaire. En revanche, des plus-values sur titres résultant d’une vente ponctuelle peuvent être qualifiées de revenus exceptionnels si cette vente n’est pas habituelle et répétée.
Il est donc essentiel que vous évalué correctement la nature de vos revenus pour déterminer s’ils sont exceptionnels. En cas de mauvaise qualification, des pénalités, telles que des amendes ou des majorations de l’impôt, peuvent vous être appliquées.
Etapes 3 – La comparaison des deux : le calcul de la CDHR ?
La CDHR repose sur une comparaison entre ce qu’un contribuable aurait dû payer si son taux d’imposition avait atteint 20 % de son revenu fiscal de référence ajusté, et ce qu’il a réellement payé. Si le montant réel est inférieur à ce seuil minimal, la différence devient la contribution due.
Pour éviter un saut brutal à l’entrée du dispositif, un mécanisme de « décote » est prévu lorsque le revenu fiscal de référence ajusté dépasse juste les seuils : entre 250 000 € et 330 000 € pour une personne seule (ou entre 500 000 € et 660 000 € pour un couple). Dans ce cas, on ajuste le “montant théorique de 20 % du RFR” en le réduisant d’un montant calculé à partir de la différence entre ce seuil et le revenu ajusté.
Autre point essentiel : les prélèvements sociaux ne sont pas inclus dans ce calcul. Par exemple, pour des plus‑values ou des revenus du capital soumis à la « flat tax » à 30 % (12,8 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux), seule la part d’impôt (12,8 %) est prise en compte dans la CDHR.
Une contribution en deux temps : acompte et solde ultérieur
Un acompte correspondant à 95 % du montant estimé de la contribution doit être versé entre le 1ᵉʳ et le 15 décembre 2025. Cet acompte est calculé sur les revenus déjà perçus de janvier à novembre 2025, auxquels s’ajoute une estimation pour les revenus de décembre.
Le solde de la CDHR sera payé après le dépôt de la déclaration des revenus 2025, à l’été 2026. L’acompte versé en décembre sera imputé sur la contribution finale due. Si vous avez versé davantage que le montant finalement dû, l’excédent vous sera restitué.
La déclaration et le paiement de la CDHR se feront exclusivement en ligne, via votre espace personnel “compte fiscal” sur le site impots.gouv.fr ; aucun formulaire papier ne sera proposé. Le paiement se fera par prélèvement automatique sur le compte bancaire que vous utilisez habituellement pour régler votre impôt sur le revenu.
Mise en garde : attention aux pénalités liées à la CDHR :
En cas de versement d’un acompte inférieur à 95 % de la CDHR estimée — ou si l’acompte versé est inférieur de plus de 20 % à ce seuil — une majoration de 20 % sera appliquée sur la différence entre le montant attendu (95 % de la contribution) et l’acompte réellement versé.
De même, en cas de retard de paiement ou de non‑paiement du solde de la contribution, une pénalité de 20 % sera due sur le montant total de la CDHR.
Il est donc essentiel de prévoir suffisamment de trésorerie, d’estimer correctement les revenus de l’année 2025 et de respecter rigoureusement la date limite (entre le 1ᵉʳ et le 15 décembre 2025) pour éviter des surcoûts importants.
Bonne nouvelle : un simulateur et une FAQ sont disponibles sur le portail de Direction générale des finances publiques (DGFiP). Le site calcul automatiquement votre « revenu fiscal de référence retraité », à partir de votre déclaration, afin de déterminer si vous entrez dans le champ de la Contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR) et d’estimer le montant de l’acompte à verser.