Les marchés se préparent à une « bombe électorale » en 2024

Revue de presse : Les marchés se préparent à une « bombe électorale » en 2024, 10 janvier 2024

LONDRES, 10 janvier (Reuters) – Plus de la moitié de la population mondiale est attendue aux urnes en 2024 et les pays organisant des élections cette année totalisent 60% du produit intérieur brut (PIB) mondial.

Pour les marchés, le risque est celui d’une « bombe électorale », selon Morningstar, qui souligne que « historiquement, des changements importants peuvent provoquer des ventes massives ».

Voici les évènements sur lesquels se focaliseront les marchés en 2024 :

1/ TAÏWAN – 13 janvier

Le Parti démocrate progressiste (DPP) au pouvoir à Taïwan fait face au Kuomintang (KMT) pour la présidence et le pouvoir législatif.

Une victoire du DPP serait la troisième victoire consécutive d’un parti considéré comme séparatiste par la Chine, ce qui pourrait renforcer la détermination de Pékin à reprendre le contrôle de Taïwan. Le KMT est historiquement favorable à des liens plus étroits avec la Chine, mais nie être pro-Pékin.

Risque de marché :

Taïwan est le principal point de frictions entre les États-Unis et la Chine, et les investisseurs ont réduit leurs investissements en Chine dans la crainte d’une reprise de la guerre commerciale.

Une invasion de Taïwan, certes jugée improbable en 2024, serait potentiellement catastrophique pour les marchés mondiaux: la production de semiconducteurs avancés pourrait s’interrompre, et la production économique mondiale pourrait perdre jusqu’à 1.000 milliards de dollars, selon des responsables américains.

2/ EUROPE – 10 mars (Portugal), 9 juin (Belgique), 6-9 juin (Parlement européen), automne/hiver (Croatie), novembre (Roumanie), à confirmer (Autriche)

La victoire du Parti de la liberté aux Pays-Bas a galvanisé l’extrême droite eurosceptique. En Autriche, un parti d’extrême droite est en tête des sondages, tandis qu’au Portugal le parti Chega pourrait doubler son nombre de voix lors des prochaines élections en dépit du gouvernement actuel de gauche.

Les partis d’extrême droite comptent renforcer leur assise au Parlement Européen en promettant de durcir la politique migratoire et d’assouplir les réformes écologiques.

Risque de marché :

Les actions et les obligations italiennes, les plus performantes d’Europe en 2023, pourraient souffrir si les victoires décrochées par les partis eurosceptiques sont perçues comme un affaiblissement de l’engagement en faveur de l’intégration européenne.

La présence de l’extrême droite au Parlement européen, organe législatif chargé notamment de l’élection du prochain chef de l’exécutif de l’Union Européenne, pourrait infléchir la politique de l’Union, qu’il s’agisse de son soutien à l’Ukraine ou de sa politique climatique.

3/ RUSSIE – 17 mars

Vladimir Poutine, le président russe actuel, est certain d’être élu pour un nouveau mandat de six ans, alors qu’il jouit d’un taux d’approbation supérieur à 80% en Russie, selon les sondages. L’opposition affirme que l’élection est une parodie de démocratie.

Le président a prévenu l’Occident que toute tentative d’ingérence dans les élections serait considérée comme un acte d’agression.

Risque de marché :

La campagne électorale pourrait être l’occasion pour Vladimir Poutine de préciser sa vision de la guerre en Ukraine, alors que les gouvernements occidentaux envisagent de saisir les actifs russes gelés par les sanctions.

La Russie a déclaré qu’elle prendrait des mesures de rétorsion si cela se produisait.

L’économie russe a été soutenue par l’augmentation massive des dépenses de défense liées à la guerre, même si une inflation tenace, liée à la forte dépréciation du rouble, a conduit à un relèvement des taux d’intérêt.

4/ INDE – Avril-mai (à confirmer)

Le Premier ministre, Narendra Modi, à la tête du parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP), devrait remporter un troisième mandat consécutif lors des prochaines élections. Les investisseurs favorisent l’Inde au détriment de la Chine, empêtrée dans une crise immobilière.

Risque de marché :

Une inflation persistante pourrait nuire au BJP, et Narendra Modi devra former une coalition s’il ne remporte pas une majorité absolue.

L’Inde, grand exportateur de matières premières, a perturbé les marchés en restreignant les exportations de riz, de blé et de sucre. Des mesures populistes pourraient accroître le déficit budgétaire de l’Inde, qui devrait être financé par des emprunts domestiques qui pourraient atteindre un niveau record.

5/ MEXIQUE – 2 juin

L’élection présidentielle entraînera un remaniement complet du Congrès et des élections dans neuf états fédéraux. Les sondages favorisent très largement le parti sortant, le populiste Mouvement de régénération nationale (Morena), et sa candidate Claudia Sheinbaum.

Les sièges du Congrès devraient être mieux répartis, ce qui pourrait empêcher le Morena de modifier la Constitution. Pour autant, les mesures de dépenses budgétaires du président actuel Andres Manuel Lopez Obrador sont populaires, et Claudia Sheinbaum l’imitera probablement.

Risque de marché :

Des dépenses plus importantes pourraient faire baisser le peso mexicain et peser sur les souverains.

6/ AFRIQUE DU SUD : Mai-août, à confirmer

Le Congrès national africain (ANC) risque de perdre sa majorité parlementaire lors des prochaines élections, pour la première fois depuis que Nelson Mandela l’a conduit au pouvoir en 1994.

Les problèmes économiques, les coupures d’électricité, l’austérité et les allégations de corruption poussent les électeurs à se détourner de l’ANC, qui pourrait devoir former une coalition avec l’Alliance démocratique ou le parti marxiste Economic Freedom.

Risque de marché :

Le gouvernement pourrait augmenter ses dépenses budgétaires avant l’élection, ce qui augmenterait la dette. Si l’ANC s’allie à un parti de gauche, les dépenses sociales pourraient augmenter. Par ailleurs, la faiblesse du rand et des finances publiques pourrait pousser la banque centrale à ralentir le rythme des baisses de taux.

7/ ETATS-UNIS – 5 novembre

Donald Trump devrait remporter l’investiture républicaine lors des prochaines primaires, menant à une bataille serrée avec le candidat démocrate et actuel président Joe Biden – une réédition de l’élection de 2020 qui s’était soldée par une invasion du Congrès par une foule pro-Trump.

Donald Trump, confronté à de nombreux problèmes judiciaires, continue d’affirmer que la victoire de 2020 lui a été volée. Joe Biden qualifie son adversaire de menace pour la démocratie.

Risque de marché :

Les marchés ont fait fi des violences qui ont suivi les élections il y a quatre ans. Mais la rhétorique enflammée des deux camps pourrait faire planer le risque de troubles sociaux et inquiéter les investisseurs en cas de nouveau match Trump-Biden.

Une âpre campagne électorale pourrait peser sur le moral des consommateurs alors même que l’économie américaine tente de surmonter l’effet des hausses importantes des taux d’intérêt.

Le dollar pourrait fluctuer en fonction du résultat attendu des élections.

Les actions pourraient souffrir de la rhétorique des deux partis contre la Chine, la popularité des barrières commerciales pouvant inciter les candidats à promettre davantage de mesures similaires. Les analystes estiment que des droits de douane plus élevés alimenteraient l’inflation, soutiendraient le dollar et nuiraient au yuan, à l’euro et au peso mexicain.

Les promesses de réduction des dépenses faites par l’un ou l’autre parti pourraient compliquer les stratégies populaires pariant sur une poursuite de la repentification de la courbe des taux. Et alors que Donald Trump est favorable à une augmentation des forages pétroliers aux États-Unis, Joe Biden y est opposé, ce qui pourrait avoir un impact sur les cours du brut.

8/ ROYAUME-UNI – fin 2024

Le parti travailliste, dans l’opposition et dirigé par le candidat de centre-gauche Keir Starmer, devance les conservateurs au pouvoir dans les sondages.

Risque de marché :

Une économie en stagnation et de faibles marges de manœuvre budgétaires signifient que la dette souveraine pourrait être déstabilisée par des promesses de dépenses inattendues. Le budget du 6 mars pourrait bien promettre de nouvelles réductions d’impôts.

Les travaillistes prévoient d’assouplir les règles d’aménagement du territoire, ce qui représente un risque pour les promoteurs immobiliers, et d’apporter des modifications ciblées aux règles fiscales qui pourraient peser sur les entreprises du secteur de l’énergie. Les travaillistes souhaitent également nouer des relations plus étroites avec l’Union européenne, ce qui pourrait stimuler la livre sterling.

9/ VENEZUELA – 2024, à déterminer

Le président sortant Nicolás Maduro a l’avantage pour la prochaine élection présidentielle, la principale candidate de l’opposition, María Corina Machado, n’ayant pas le droit d’y participer.

Risque de marché :

En octobre, les États-Unis ont levé les sanctions sur le pétrole vénézuélien pour six mois et les sanctions sur la dette pour une durée indéterminée, permettant aux investisseurs américains de négocier certaines obligations en échange de pourparlers visant à garantir des élections justes et libres.

Le rétablissement des sanctions pourrait ébranler les actions et les obligations vénézuéliennes. Une éventuelle restructuration de la dette est également envisagée.

Revue de presse : Les marchés se préparent à une « bombe électorale » en 2024, 10 janvier 2024

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