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Marchés financiers

Actualité des marchés – août 2023

Une croissance mondiale de 3%

D’après les dernières prévisions du FMI, la croissance mondiale devrait atteindre 3% en 2023 et en 2024, contre 3.5% en 2022.

En Occident, cette stabilisation masque une meilleure activité qu’attendue sur la première partie de l’année en cours, le ralentissement prévu étant décalé dans le temps du fait de la résistance de la consommation et de la fermeté du marché de l’emploi.

Pour l’ensemble des pays émergents, la croissance s’est accélérée en 2023 et devrait se stabiliser à un niveau satisfaisant l’année prochaine.

L’inflation mondiale doit, quant à elle, poursuivre son reflux, passant de 8.7% en 2022 à 6.8% en 2023 et à 5.2% en 2024. Si l’inflation baisse, l’inflation sous-jacente demeure encore trop élevée et milite pour une poursuite de l’effort des banques centrales, probablement par le biais d’un maintien des taux directeurs au niveau actuel ou légèrement supérieur. La croissance des salaires est toujours incompatible avec une inflation à 2%. Aux Etats-Unis, le salaire horaire médian progressait encore de 5.7% en juillet 2023 (moyenne mobile calculée sur 3 mois glissants), après avoir touché un pic en août 2022 de 6.7%. Ces prochains trimestres, la hausse des taux réels devrait continuer de peser sur l’activité alors que l’épargne excédentaire des ménages se réduit.

La croissance de l’économie mondiale est donc à la fois faible et fragile. La résistance de l’économie à la hausse des taux d’intérêt tient aussi au fait que ménages et entreprises se sont assurés des financements à des taux fixes et très bas, les immunisant pour un temps tout en limitant les nouveaux investissements.

Allemagne : l’étrange crise immobilière

Si les pays méditerranéens bénéficient d’un rebond du tourisme, le nord de l’Europe connait une conjoncture plus difficile. L’Allemagne en particulier pâtit d’une part, d’une crise immobilière et, d’autre part, d’une industrie confrontée à une faible demande mondiale et à la fin de son approvisionnement en gaz russe bon marché. Le secteur de la construction qui représente environ 15% de son PIB, pèse maintenant sur la croissance. Comme ailleurs dans le monde, la remontée des taux d’intérêt a provoqué une chute impressionnante des nouveaux projets. Ces difficultés se traduisent sur le terrain par l’impossibilité de plusieurs promoteurs à rembourser leur dette et par l’incapacité des acheteurs à financer leurs achats.

L’Allemagne prévoyait la construction de 400 000 logements par an pour répondre à la demande et réduire les hausses des loyers. Elle devrait en construire moitié moins cette année. Les prix des résidences a baissé (–6% en un an), mais ce sont surtout les volumes de transaction qui se sont effondrés, figeant un marché très déséquilibré. Les nouveaux locataires de meublés (un type de location plus avantageux pour les propriétaires qui représente une part croissante du parc disponible, d’ailleurs maintenant majoritaire à Berlin) doivent supporter des loyers très élevés et souvent indexés sur l’inflation.

Nous vivons donc une situation étrange en Allemagne, où l’immobilier est maintenant trop cher pour la plupart des ménages (suite à la hausse des prix au cours des 10 dernières années et plus récemment à la hausse des taux hypothécaires), tandis que les promoteurs subissent une hausse des coûts de construction et un effondrement de la demande avec pour certains, une faillite possible, mais où l’offre de logement est insuffisante pour satisfaire les besoins des ménages…

Chine : parc immobilier excédentaire

La Chine n’a plus de problème d’inflation, et c’est peut-être son seul atout dans l’immédiat, puisque la Banque Populaire de Chine (POBC) peut, de ce fait, mener une politique monétaire accommodante. Les dernières statistiques économiques nationales publiées sont en fait assez médiocres sans pour autant empecher le premier ministre chinois Li Qiang de réaffirmer son objectif de croissance de 5% pour 2023.

La levée du confinement lié à la crise sanitaire avait suscité beaucoup d’espoirs, aujourd’hui déçus et ce principalement à cause de la crise immobilière qui pèse lourdement sur la croissance, la confiance des ménages et la solvabilité des entreprises du secteur de la construction.

L’immobilier représente l’essentiel de la richesse des ménages chinois et environ 30% du PIB, 15% si on ne considère que le secteur résidentiel. Le gouvernement distille de nombreuses mesures qui vont dans le bon sens, mais qui ne suffisent pas pour l’instant à rééquilibrer le marché. La situation est suffisamment préoccupante pour que l’on puisse s’attendre à une poursuite du soutien du gouvernement, par le biais de nouvelles baisses de taux, de facilités de financement, et d’autres mesures pour favoriser la consommation des ménages tout en sachant que la construction devrait peser pendant de nombreuses années sur la croissance.

Il s’agit pour le gouvernement d’éviter une crise systémique et de stabiliser une situation difficile dans laquelle toutes les parties prenantes vont y perdre : les promoteurs, les investisseurs, les banques, les gouvernements locaux, l’état et les ménages. L’objectif des autorités est de stabiliser la situation, afin de se donner du temps pour la traiter progressivement. Les porteurs d’obligations sont ici en première ligne alors que de nombreux promoteurs immobiliers ont ou vont faire défaut. L’immobilier est en Chine est trop important pour que le gouvernement n’agisse pas. Mais le problème (dette des promoteurs et surcapacités) est également trop important pour être résolu rapidement.

Notons également un manque de transparence sur les statistiques officielles qui alimente l’inquiétude de nombreux observateurs. Ainsi, la baisse des prix de l’immobilier, en particulier dans les petites villes de province, est certainement plus marquée que ce qui apparaît dans les indices officiels calculés par échantillonnage. De même, le taux de chômage très élevé des 16-24 ans (21.3% en juin dernier) a tout simplement cessé d’être publié…

LES MARCHÉS

L’évolution la plus marquante de ces dernières semaines a été la hausse significative du 10 ans américain. Cette hausse liée à des besoins de financement important du trésor américain et à une conjoncture meilleure qu’anticipée a donc eu un effet dépressif sur l’ensemble des marchés financiers. La dégradation de la note de la dette souveraine des Etats-Unis par l’agence Fitch a sans doute joué à la marge en attirant de nouveau l’attention sur la détérioration du déficit fédéral américain. Et la baisse conjuguée des taux en Chine alors qu’ils progressaient aux Etats-Unis continue de peser sur le Yuan.

L’optimisme des bourses mondiales dans un contexte où la croissance est faible et où les taux réels sont à la hausse est assez exceptionnelle. Elle tient à la fois aux bons résultats publiés par les entreprises qui conservent des marges élevées et à l’anticipation d’une prochaine inflexion de la politique monétaire des grandes banques centrales tout en évitant une contraction de l’activité.

Pourtant, l’activité manufacturière demeure mal orientée et les services s’affaiblissent, tandis que la probabilité d’occurrence d’une récession demeure élevée. La confiance des investisseurs sur la capacité des banques centrales à piloter au mieux le cycle économique pour obtenir un recul de l’inflation sans rebond significatif du chômage est étonnant. Les niveaux de valorisation sont modérés en Europe, élevés aux Etats-Unis (le PE du S&P 500 s’élève à 19 fois les bénéfices prévus pour l’année à venir), et faibles pour les marchés émergents, en particulier pour la Chine.

Sources principales : Agence Internationale de l’Energie, Banque de France, BIS, BEA, BCE, BNS, BOJ, BOC, Bloomberg, CGPConseils, Coface, Euler Hermès, Facset, Federal Reserve, Financial Times, FMI, INSEE, ISTAT, OCDE, OMC, MIT, Reuter

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